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Les gouttelettes de l'aube

Dernière mise à jour : 14 sept. 2020


Une autre rentrée, encore une autre, et toujours une autre… Et il y a toujours ce temps de latence qui revient inlassablement. Ce temps qui n’attend pas mais qui semble ne jamais finir sauf quand on avait quelque chose à faire pour hier. Il faut se remettre en mouvement. Mouvement intérieur, mouvement extérieur. Et reprendre forme après le passage du rouleau compresseur des vacances, aussi plaisantes et dépaysantes qu’aspirantes et suceuses de plasma inspirationnel, puits sans fond d'improductivité créative, pour moi, comme à chaque fois, ça ne loupe pas ! Une amie m’a renvoyé mon article d’il y a 2 ans au même moment, et il me semble que je pourrais écrire exactement la même chose aujourd’hui. A ceci près qu’aujourd’hui n’est pas hier, ni l’aujourd’hui de l’année dernière, puisque, je le crois profondément, nous traversons une époque charnière, qui nous demande de choisir un côté de la barrière : la mort ou la vie !? L’Amour ou la peur, la crème ou le beurre. Difficile de prendre ouvertement position par opposition à ce qui apparaît à la majorité comme LA solution, celle qui, en apparence et en première instance, nous protégera et nous sauvera peut-être de la virulence épidémiologique à laquelle le monde est confronté depuis près d’une année. Mais la mort et la vie dont je parle ici sont des philosophies, un état d’Esprit, un état d’être et de pensée aussi. Et je me souviens du pamphlet d’André Comte-Sponville il y a quelques mois qui disait haut et fort ce que je pensais déjà tout bas : comment pouvons-nous honorer le vivant en refusant à tout prix de mourir, oui à tout prix ! Celui de la Vie elle-même... Nous avons passé des années, voire des siècles, à user et abuser des ressources de notre planète pour assurer notre subsistance, sans conscience (ou en l’ayant perdue) de notre interdépendance avec cette Terre qui nous accueille depuis la nuit des temps, le temps d’une vie, de notre vie à laquelle nous nous accrochons si désespérément que nous en oublions de la vivre vraiment, pleinement, joyeusement, humblement…en présence et au présent.


Non. Je le dis haut et fort, je n’accepte pas ! Le “muselage” sociétal, le bâchage facial, la généralisation du port d’un masque à l’efficacité discutable et discutée, qui nous fait vivre dans un hôpital à ciel ouvert et alimente suspicion, peur, méfiance et défiance vis à vis des autres, de nos proches y compris. Tout ce qui nous cimente ! Et nous relie les uns aux autres. Nos coeurs adoptent le langage des signes, et nos sens suffoquent par manque d’oxygène et d’ocytocine. Je suis contre l’hyper-sécurisation. Contre cette volonté farouche de vouloir toujours tout contrôler, damer, baliser, canaliser, surprotéger, anticiper pour empêcher les choses d’arriver et de nous traverser pour mieux être transcendées et transformées. Contre les punitions collectives qui mènent à la déresponsabilisation, adoptées au nom d’un principe de précaution qui a bon dos et ne présage rien de bon. Cette même déresponsabilisation qui fait que nous en sommes là aujourd’hui, et que nous persistons à vouloir résister à ce qui est constitutif de notre humanité et de la nature même de tout ce qui est, le principe de vie-mort-vie (comme le dit Clarissa Pinkola Estès dans "Femme qui court avec les loups"). Contre le fait d’ériger la santé au rang de Dieu sacré sans pour autant en faire d’abord et avant toute chose une affaire personnelle, individuelle, en cultivant et en prenant soin de notre propre jardin dans sa globalité, parce que c’est lui le Dieu sacré ! Jardin extérieur. Jardin intérieur. A commencer par notre corps qui est notre véhicule terrestre et notre bien le plus précieux, celui qui nous permet de nous incarner pour vivre ce que nous avons à vivre. Comment le traitons-nous ? Comment nous nourrissons-nous ? Comment respectons-nous son besoin impérieux de mouvement ? Sommes-nous à l’écoute de nos émotions et de nos besoins profonds ? Quelles sont les pensées qui nous habitent et motivent nos actions ? Faisons-nous le nécessaire pour les transformer, les reprogrammer -lorsqu’elles nous encombrent, nous maintiennent sous les décombres d’une vie que nous ne vivons qu’à moitié, nous plaquent au sol et nous tiennent en joue de leur effroyable jugement auto-sabotant- de telle sorte à ce qu’elles nous énergisent et servent notre chemin de vie, notre contribution au monde ? Quelle place occupe la Nature dans notre vie, quelle relation entretenons-nous avec elle ? De qui nous entourons-nous ? En d’autres termes vivons-nous en conscience et en connaissance de ce que nous sommes, de nos systèmes relationnels et de notre monde, de la façon dont nous interagissons avec lui, avec les autres et avec nous-mêmes aussi ?


Alors bien sûr, certains (et pas des moindres) s’insurgeront de mes propos en brandissant l'étendard du bien commun et celui de mon prochain, et là je m’inclinerai et je dirai fort bien. Mais dans ma naïveté et ma grande ignorance, c’est guidée par mon intuition et mon intelligence émotionnelle que je m’interroge simplement, à esprit et coeur ouverts, sur les racines du “mal” dans lequel nous nous trouvons et le message, le sens profond de ce qui nous arrive. Et je crois qu’il est plus que temps maintenant de nous occuper sérieusement de notre écologie personnelle. Nous qui en avons la possibilité nous devrions en faire notre priorité ! Cela fait trop longtemps que nous marchons sur la tête et celle de la planète. C’est là, à mon sens, que le principe de précaution prend tout son sens. Mens Sana in Corpore Sano et caetera, et ça ne date pas d’hier.


Nous sommes à l’aube d’une ère nouvelle, telle est ma conviction, l’humanité est en train de changer. Sommes-nous prêts à plonger dans l’invisible pour connaître le sens de notre Essence et donner naissance à notre humanescence ? (Wow !)

Evidemment cela prend du temps, un temps propre à chacun, et de la discipline aussi (aaaahhh la discipline ! Mon but et ma croix, le sel de mes jours et le chaos de mes nuits...), et il m’arrive régulièrement de me laisser rattrapper par mes vieilles histoires, celles de mon moi d’avant qui a parfois peur d’aller de l’avant. La résistance au changement est comme un aimant, un aimant surpuissant contre lequel il faut un rêve au moins aussi grand que la conviction qu’il est possible et indispensable et en résonnance avec nos aspirations profondes. Moi j’ai choisi l’encrage. Encrer pour s’ancrer, s’ancrer dans le changement, pas après pas, jour après jour, mois après mois, année après année, sans relâche, avec la foi d’un pèlerin guidé par la lumière d’une étoile et la petite flamme qu’il a dans le coeur, et qui n’oublie pas de s’arrêter au bord du chemin pour regarder briller les gouttelettes de l’aube, et sourire...


*photo : vue matinale sur la face nord du Vignemale depuis le refuge des Oulettes de Gaube

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